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Une passion

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29 janvier 2009

Reprise dans les salles du premier chef-d'oeuvre de Spielberg...

19028239_w434_h_q80Reprise importante du premier chef-d'oeuvre de Spielberg dans plusieurs salles parisiennes ce mercredi 28 janvier. Oeuvre fauchée par excellence (dire que quatre ans plus tard, le bonhomme réalise Les dents de la mer...), Duel se doit être vu, tant il démontre que même sans budget conséquent, Spielberg reste un maître. A l'heure actuelle, une référence du thriller souvent copiée, jamais égalée.

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29 janvier 2009

Macadam Cowboy

2242525785_1Joe Buck, blond et beau gosse, quitte sa petite bourgade du Texas pour monter à New York, où il espère se faire entretenir par des femmes riches. Mais la dureté de la ville lui fait rapidement perdre ses illusions. Seul, sans un sou, il fait la connaissance de Ratso Rizzo, un petit Italien chétif, boiteux et tuberculeux. Parce que ce dernier a l'air encore plus seul que lui, Joe accepte de partager son appartement miteux. À l'opposé l'un de l'autre, ils partagent pourtant la même misère dans les bas-fonds new-yorkais, s'accrochant au même rêve : partir vivre sous le soleil de Floride...

Depuis sa sortie en 1969, le film de John Schlesinger, lauréat de trois Oscars, a conservé toute sa puissance. Comme beaucoup de films de la période, L'Épouvantail de Schatzberg par exemple, Macadam Cowboy, s'attache à nous raconter le destin de deux losers, pleins d'ambition, à la poursuite du rêve américain, dans l'Amérique des années 60. John Schlesinger, à travers deux êtres attachants, perdus dans la foule new-yorkaise, en quête de bonheur, d'amour et d'argent, nous restitue une vision sombre de l'Amérique et de la société qu'elle engendre.

Ce très beau film contient de nombreuses similitudes avec des œuvres de la même période. Dans Alice n'est plus ici de Martin Scorsese, Alice rêve depuis son plus jeune âge de devenir une star de la chanson. Adulte, son rêve se prolongera. Elle ira jusqu'au bout et y parviendra malgré les difficultés auxquelles elle devra faire face. Dans Easy Rider de Denis Hooper, les deux motards sillonnent toute l'Amérique dans un but précis : vivre et se sentir libre. Thématique récurrente dans le cinéma américain des années 70, qu'on appelle communément l'American Dream.

Dans Macadam Cowboy, Joe Buck, jeune homme naïf mais ambitieux, désire quitter son Texas natal, préférant l'agitation des grandes métropoles. Dans le greyhound qui le conduit à New-York, roulant jour et nuit d'Ouest en Est, Joe revoit son passé défiler, douloureux, illustré par des flash-back récurrents : parents absents, viol de sa petite amie. Dans le Point limite Zéro de Sarafian, Kowalski, le héros du film fait le pari de rallier San Francisco à Denver en moins de 15 heures. De la même manière que Joe, son passé est évoqué par l'utilisation de flash-back : Kowalski est un ex-pilote de course, vétéran du Vietnam et ancien policier traumatisé par le viol auquel il a assisté durant son service. Le rapprochement est inévitable. Joe et Kowalski sont deux losers, qui après tant d'années d'échecs personnels souhaitent fuir, qu'importe la destination, afin d'échapper à leur fatalité.

Les premières séquences dans la métropole rappellent celles d'Un Shérif à New-York. Comme Eastwood dans le film de Siegel, la tenue vestimentaire de Joe jure avec celle des citadins. Joe Buck, comme la plupart des anti-héros des années 70, (Travis Bickle de Taxi Driver, Lion de L'Epouvantail), apparaît en dehors du cadre et rêve de l'intégrer. C'est un exclu de la société de consommation. Joe est un éternel enfant, perdu dans son imaginaire, persuadé d'être une sorte de héros des temps modernes. Il ne perçoit pas la frontière entre le rêve d'enfant et la réalité d'adulte. Ce sera Ratso Rizzo, être infirme et tout aussi démuni que lui, qui lui fera prendre conscience de la dure réalité de la vie en lui disant que son jeu de cowboy n'impressionne personne hormis les homosexuels. « Tu ne vas pas me dire que John Wayne était PD ! » rétorque Joe. Le côté candide et immature du personnage refait surface.

Joe arpente les avenues de New-York, bercé par le rêve Américain, relayé par une radio « ne vous inquiétez pas pour votre avenir [...] nous vous aiderons. Vous avez besoin d'argent ? nous vous en donnerons. ». Un contraste avec le New-York filmé par John Schlesinger, plus sale que jamais, ou Joe côtoie la faune urbaine : drogués, prostitué(e)s... Le spectateur suivra son parcours initiatique, suivi de ses premières désillusions et son passé douloureux qui revient comme un leitmotiv.

Dans les dernières séquences du film, Joe et Ratso se retrouvent dans le bus qui les conduit à Miami, incarnation parfaite du rêve américain. Comme beaucoup de « héros » du cinéma américain des années 70, certains l'atteignent, épuisés, d'autres, meurent d'épuisement. Un excès d'énergie dépensée pour reprendre l'une des théories défendue par Jean Baptiste Thoret dans son ouvrage sur le cinéma américain des années 70. Les dernières images du film, le visage de Ratso, mort, baigne dans les reflets du soleil de Miami, symbole d'une âme perdue. Entre les deux hommes, naîtra une affection fraternelle, prétexte saisi par John Schlesinger, pour aborder le sujet de l'homosexualité. Une belle histoire d'amour en somme.

29 janvier 2009

Cruising

2242531005_1La police new-yorkaise enquête sur deux meurtres d'homosexuels appartenant à la tendance sado-masochiste, qu'elle pense être dus au même tueur. Le capitaine David Edelson, chargé de l'affaire, propose à un jeune policier en uniforme, Steve Burns - qui possède les caractéristiques physiques des victimes - d'infiltrer la communauté gay. Comme il ambitionne de devenir "enquêteur", Steve, voyant la possibilité d'une rapide promotion, accepte, en dépit du danger qu'il encourt.
Installé dans un appartement de Greenwich Village, Steve fréquente toutes les nuits les lieux de rendez-vous homosexuels : bars, discothèques, boîtes de nuit, jardins publics.
L'assassin, habillé d'un blouson de cuir à pièces métalliques cliquetantes, porteur d'une casquette de motocycliste et le visage dissimulé derrière des lunettes de soleil, frappe par deux fois encore..

Si certes Friedkin s'est planté dans sa carrière (c'est indéniable), il ne faut pas oublier des oeuvres comme L'exorciste, French Connection, Police Federale Los Angeles, le Convoi de la peur et ce Cruising, qui constituent un panel des plus grands films américains de ces trente dernières années. Ce qui caracterise le cinéma de Friedkin, c'est son ambiguité. Ses films troublent, agaçent... mais fascinent souvent. C'est le cas de Cruising, tiré d'un fait divers, qui exerce un pouvoir à la fois fascinateur et répulsif.

Cruising fut un échec considérable, intervenant après celui du Convoi de la peur quelques années plus tôt, échec qui l'affligeat. A l'époque du tournage, la communauté gay s'etait divisée : ceux qui ont accepté le film et les détracteurs qui s'y sont formellement opposés, empêchant ainsi le tournage d'arriver à son terme. Certains pensaient en effet que le film constituait une atteinte à la communauté gay. Friedkin expliquait pourtant que le film reflètait la realité qui lui avait été montrée. Ainsi, son film s'apparente à un documentaire du milieu SM-underground new-yorkais du début des années 1980.

Particulièrement malsain, Cruising s'attache à nous raconter la sombre histoire de Steve Burns (Al Pacino méconnaissable), chargé d'infiltrer le milieu gay new-yorkais, afin de traquer un sérial-killer. Toute la thèmatique de Friedkin en somme : un héros qui traque sa proie jusqu'à en perdre ses propres repères. Steve s'acclimate très rapidement à cet « univers » qui lui est étranger. Il le dit lui-même quand son supérieur le charge de cette « mission ». Au fil de son enquête, le personnage de Steve semble évoluer. Ce n'est plus le flic discret du début. En ce sens, le film décrit une transformation, comme souvent chez Friedkin. Cette « expérience » lui donnera de l'assurance, mais le confrontera en même temps à ses propres ambivalences : Steve peut à tout instant basculer de « l'autre cotê ». A cet égard, Friedkin clôt son film laissant le spectateur dans le doûte le plus total : Steve finit-il comme eux ? a-t-il changé ?...

Cruising est donc un film sur les apparences : qui est vraiment le héros ? comme la plupart des personnages friedkiniens, souvent ambigus au possible (de Popeye Doyle dans French Connection à Richard Chance de Police Federale Los Angeles) on en sait peu sur  Steve Burns. A ce sujet, Friedkin s'exprime : « Des influences comme Samuel Beckett et Harold Pinter m'ont appris que l'on ne sait rien sur les personnages, ils ne font que parler simplement, discuter, mentent peut-être. Ce qu'ils disent n'est peut-être pas la vérité. On a très peu d'indices pour savoir qui ils sont vraiment ou ce qu'ils pensent. Il n'y a que leur comportement et ce qu'ils disent. ». Ces dires  confirment l'une des séquences de Cruising : au début du film, l'un des tueurs descend un escalier. Un peu plus tard, le même plan, mais cette fois centré sur Steve. Friedkin laisse planer le doûte sur l'identité du tueur. Friedkin expliquait que personne n'avait jamais su si un tueur était à l'origine de tous ces meurtres. Quand on connaît un peu le cinéaste, on peut imaginer qu'il s'agit d'un pretexte pour réaliser un film sur les troubles de l'identité.

Les dernières séquences du film reflètent bien cette démarche: Steve se regarde dans le miroir, se demandant : qui suis-je réellement ? et finit par interpeller le spectateur : savez réellement qui je suis ? en somme, je ne suis pas ce que vous pensez. Ce qu'on voit en surface n'est qu'une illusion. Dans Police Federale Los Angeles, Richard Chance voulait venger son partenaire, abattu par des truands. Mais jusqu'ou pouvait-il aller pour atteindre la frontière ?

Quand on arrive au terme du métrage, on ne sait pas quoi penser de ce Cruising. C'est seulement avec le recul qu'on encaisse. Un film plutôt étrange, mais fascinant en soi. Archétype même du film qu'on aime ou qu'on déteste.

18 janvier 2009

Bilan de l'année 2008 (par Hartigan)

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Une année largement inférieure à la précédente en ce qui me concerne (seulement cinq gros coup de coeur, le reste est plus passable).

De très belles surprises tout de même donc, comme le magnifique polar noir et violent de David Ayer, Au bout de la nuit, passé un peu inaperçu à sa sortie salles, que je vous invite à redécouvrir en dvd (sortie le 6 janvier 2009). J'ai longuement hésité pour la première place entre Tonnerre sous les Tropiques et The Dark Knight (véritable thriller noirissime non sans évoquer le cinéma de Michael Mann), mais je conserve le film de Stiller en tête, qui constitue à ce jour, le film le plus drôle que j'ai pu voir (avec Dumb & Dumber des Farrelly). Un mot sur Death Sentence, magnifique retour aux sources du vigilante movie hardcore et nerveux. Sans aucun doûte malgré sa position dans le top, MA plus grosse claque de l'année en salles (la déjà culte séquence de course-poursuite ultra-réaliste est simplement hallucinante sur grand écran). Un dernier mot sur L'instinct de mort de Richet, pur film de gangster à l'ancienne qui prend son temps. Peu de séquences d'action (sauf vers la fin), mais plus de suspense, de tension... que dans le second opus du dyptique (qui reste une déception pour ces manques justement). Pas de doûtes, un auteur à suivre.

Pour finir sur les grosses déceptions, un dernier mot sur les Coen (décevants jusqu'au bout), qui après m'avoir déçu sur NCFOM, remettent le couvert avec Burn after reading, oeuvre qui vient confirmer que les Coen ont perdu leur verve comique (a croire que The Big Lebowski est un accident de parcours...).

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